Bonjour Lucas, soit le bienvenu au sein de la Bibli’. Les lecteurs ont déjà pu découvrir ton nom par l’intermédiaire des Contes de Mauvais Augure et cette fois-ci, tu viens nous présenter ton dernier roman : Costa.
Avant de te harceler de questions, je vais présenter Costa aux lecteurs.
De l’Alsace aux îles grecques, le voyage au fil de l’eau de deux adolescents partis sur les traces d’êtres à la nature incertaine…
Un vieil homme médite, le regard tourné vers le bleu de la mer Égée. « Bonsoir », lance-t-il dans la brise du soir.
Quel étrange chemin que celui qui avait été le sien. C’est bien loin de son île qu’il avait grandi, prêtant main-forte à ses parents au sein du restaurant familial – véritable morceau de Grèce planté en plein Strasbourg. Lorsqu’une jeune fille avait plongé ses yeux verts dans les siens, il avait pourtant cessé d’être quelqu’un d’ordinaire. Sous les reflets flamboyants de la lune, il avait compris que certaines choses – aussi malicieuses qu’envahissantes – lui avaient échappé jusqu’alors.
« Maintenant, tu n’es plus que borgne », lui avait un jour dit la jeune fille. Et pour autant qu’il s’en souvenait, elle avait eu raison.
Une création originale, à cheval entre le réel et l’au-delà. Soutenez l’artisanat littéraire et la création indépendante à travers la découverte des étranges pérégrinations de Costa et de Maryse… Une ode à la vie, à l’amour ; à la mort – aussi !
Sorti le 24 mars 2020.
Même si ce n’est jamais vraiment facile, commençons par le commencement : pourrais-tu te présenter, que les lecteurs puissent mieux te connaître ?
Avec joie ! J’arrive sur ma trentaine, je suis originaire de l’est de la France où je me suis réinstallé l’an dernière après une dizaine d’années passées à arpenter le sud de l’hexagone ainsi que d’autres contrées plus lointaines…
Bien que l’exercice de l’autoportrait ne soit pas facile (on a vite fait de tomber dans la caricature), je me qualifierais d’esprit libre, un peu lunaire et surtout plein de contrariétés ! J’ai toujours aimé écrire (à vrai dire, créer en général) et ai multiplié les expériences diverses et variées depuis ma jeune adolescence, mais faute de temps et de motivation (le fameux ‘déclic’), je ne me suis attelé à mon premier roman que cinq ans en arrière.
Costa est ta troisième publication. Toutes appartiennent au fantastique. Pourquoi ce genre en particulier et qu’a-t-il de spécial pour toi ?
C’est une question très intéressante, car je me la suis moi-même posée après avoir publié Costa. À vrai dire, je pense que le choix du fantastique est le reflet de mon univers créatif et de mes influences – mélange de musiques souvent sombres voire violentes, de lectures gothiques et/ou fantastiques et de films qui me laissent songeur. Toutefois, ce n’est pas un sacerdoce pour autant ; seulement le reflet de mes idées du moment. Tu as sans doute pu voir que, par exemple, l’une des nouvelles de mon recueil précédent (les Contes de Mauvais Augure) s’affranchissait de tout élément irrationnel (n’en devenant pas joyeuse pour autant..!). J’ai le projet, pour mon prochain roman, de poursuivre sur cette lancée et d’écrire quelque chose que l’on pourrait sans doute assimiler de près ou de loin à de la littérature blanche. Pierre Lemaitre, l’auteur d’Au revoir là-haut, résume d’ailleurs assez bien la chose : d’après lui, tout auteur qui s’épanouit dans la littérature noire voudra, un jour ou l’autre, « sniffer de la blanche »… Il faudra sans doute attendre quelques années pour voir si j’ai réussi à relever ce challenge, mais le défi est lancé !
Raconte-nous les coulisses de la création de Costa. Comment l’idée t’est-elle venue ?
Le point de départ, c’est un fait divers glané lors d’un voyage en Grèce, dans les îles Cyclades, à l’été 2015. J’ai eu l’occasion de naviguer jusqu’à un îlot désert pour y profiter d’un bain de soleil au calme, et j’ai remarqué avec surprise que quelques cabanes sommaires avaient été construites dans la garrigue environnante. Les locaux m’ont appris qu’un homme, une sorte d’ermite, avait quitté son île natale pour s’installer sur ce caillou suite à un chagrin d’amour, une quinzaine d’années en arrière, et y vivait toujours au milieu des chèvres et de la nature sauvage. La trame de Costa venait de germer dans mon esprit… Pour le reste, c’est un mélange de rêves (comme bien souvent ; les rêves sont pour moi une fantastique source d’inspiration) et de scènes plus ou moins vécues par moi ou mes proches. L’envie d’inclure Strasbourg dans le récit vient d’un amour profond pour cette ville que je trouve, sans chauvinisme (quoique… !) particulièrement inspirante et photogénique.
J’ai cru comprendre que tu avais pas mal bourlingué avant de poser tes valises en Alsace. Un peu comme la famille de Costa. Faut-il y voir une sorte de transposition romancée de ta propre expérience ou une simple coïncidence ?
Comme je le suggérai précédemment, il y a une vraie part de transposition, puisque plusieurs lieux qui me sont chers servent de toile de fond à ce récit. Pour aller un peu plus loin là-dessus, la Grèce est clairement ma terre de cœur, un pays où je me sens particulièrement bien et où je me suis rendu à de très nombreuses reprises avec un plaisir toujours aussi délicieux. Sans trop en révéler de l’histoire, une bonne partie des autres errances de Costa sont elles aussi directement liées à mon expérience ; j’ai servi plusieurs années dans la Marine et ai à ce titre pas mal navigué, d’où une certaine omniprésence de l’eau dans le récit, et la plupart des villes où Costa s’égare (allez, citons-les : Marseille et Sète) me sont très familières… Pour conclure, j’ai tendance à penser (c’est en tous cas vrai pour moi) que pour bien écrire sur un lieu, il faut y avoir été. Sinon, on tâtonne, et le résultat n’est pas toujours là.
Voilà qui est dit, a le mérite d’être vrai et de tordre le cou à la Googlisation.
Si je te donnais une baguette magique avec laquelle tu pourrais choisir une unique destination pour y couler paisiblement tes vieux jours, où irais-tu et qu’y ferais-tu ?
J’ai bien peur d’avoir répondu à cette question malgré moi au point précédent… La Grèce, encore, toujours ! Peut-être pas pour y vivre à l’année, mais disons que finir mes jours à passer six mois par an sur une île brûlante de la mer Égée ou au milieu des monts de l’Épire me conviendrait tout à fait. Quant à dire ce que j’y ferais… Tant de choses peuvent se passer d’ici là ; je ne me prononcerai donc pas !
En effet, on reprendra rendez-vous dans 50 ans, d’ici là, ton planning aura eu le temps de se préciser.
As-tu de nouveaux projets ? Peux-tu nous en parler ou est-ce encore top secret ?
Mon principal projet, que j’évoquais un peu plus haut, est un nouveau roman que je souhaite un peu plus court que Costa. Il n’en est encore qu’à un stade embryonnaire, et certains projets annexes côté privé risquent d’en rendre la rédaction très lente. S’il aboutit, il devrait s’agir d’un roman autour du thème de la fin de vie, un peu partisan mais pas trop, qui sera centré sur un trio de personnages qui baignent dans des histoires pas nettes et qui sont sujets à de très vifs émois. Tout un programme… On en reparle dans quelques années !
Avec plaisir !
La plupart du temps, les jeunes auteurs passent par l’édition traditionnelle. Qu’est-ce qui a motivé ton choix pour l’auto-édition ou devrais-je dire « l’artisanat littéraire » ?
J’aime beaucoup cette expression d’artisanat littéraire ! Soyons honnêtes : la raison principale, c’est que je n’ai pas encore eu la chance de voir l’un de mes manuscrits sélectionné par une maison d’édition. Mais à vrai dire, même si j’envoie mes manuscrits à plusieurs d’entre elles, je n’ai jamais vraiment écrit dans l’espoir d’être publié dans le circuit traditionnel ; ce serait évidemment une récompense formidable mais l’écriture est avant tout pour moi un hobby. J’ai toujours construit mes projets autour de l’idée de pouvoir les publier moi-même. Malgré un public restreint, une diffusion limitée et une publicité ardue, je trouve ça génial de pouvoir toucher des gens et diffuser des produits que je juge de bonne facture (encore plus pour mon dernier roman). J’investis vraiment énormément de temps dans la relecture (merci à ma correctrice, au passage !), la mise en page et le façonnage de mes livres, car c’est pour moi important de donner au lecteur la sensation de lire un roman mature et réfléchi.
Une petite dernière pour la route. Quel message ou conseil voudrais-tu transmettre à tous ceux qui rêvent d’être édités ou d’éditer leurs ouvrages ?
Je pense qu’il ne faut pas s’attendre à rencontrer un énorme succès via l’autoédition, mais qu’il faut s’y lancer avec l’idée d’être crédible et de faire plaisir aux lecteurs qui, même en nombre réduit, se laisseront tenter par notre production !
Merci beaucoup Lucas. Je souhaite à Costa de rencontrer son public et à toi, une bonne continuation dans tes projets.
Rendez-vous le 30 mai 2020 pour la chronique de Costa.
En attendant, n’hésitez pas à visitez l’auteur sur son site et le suivre sur Facebook.
À bientôt !