Bonjour à tous,
Si l’on a coutume de lire que l’écriture est un travail longue haleine, on ne précise jamais assez combien les formats courts (nouvelles, novellas et romans courts) sont au moins autant, si ce n’est plus, exigeant que leurs homologues à rallonge.
Après les deux séries Le Trône de Cendre et Aliénor, Aurélien Grall explore le roman court, avec Shutdown. Un thriller d’anticipation dont le paradigme est directement tiré des grands enjeux actuels.
Il est sorti en septembre dernier en autoédition, comme ses ouvrages précédents.
Je remercie l’auteur pour sa confiance renouvelée.
Pour quels lecteurs ?
– Ados-adultes
– Amateurs de romans courts et novellas
– Personnes souhaitant se servir le l’actualité dans ses projets
L’intrigue
Imaginez un monde sans électricité, sans smartphones, sans ordinateurs, sans télévision, sans réseaux sociaux. Imaginez un monde où les gens sont condamnés à se regarder, se parler et s’entraider. Ce monde, c’est celui du grand shutdown. La pire catastrophe n’ayant jamais frappé l’Humanité !
Alors que la civilisation humaine est en train de s’effondrer, le gouvernement fait appel aux services de Michael Donovan, astrophysicien et héros de guerre devenu alcoolique après la disparition tragique de sa femme. Au départ réticent, il finit par accepter. Contraint de faire équipe avec la froide Charlotte Von Braun, grand nombre de ses convictions vont se voir bouleversées…
Mais pour sauver le monde, il lui faudra d’abord se sauver lui-même. Où puisera-t-il le courage ? Et d’ailleurs, n’est-il pas déjà trop tard ?
Aurélien Grall est au sommet de son art dans cette course poursuite écologiste haletante. Réchauffement climatique, terrorisme, guerre bactériologique et danger nucléaire, Shutdown résonne dramatiquement avec l’actualité. Véritable cri de révolte dénonçant les travers de l’Homme et de son système, ce thriller vous hantera longtemps après l’avoir refermé.
Mon avis
Avec son incipit in medias res, le roman démarre sur les chapeaux de roues et nous met face à un désastre imminent. On y retrouve assez vite une ambiance typique de l’Amérique profonde à laquelle les blockbusters et autres séries made in U.S.A. nous ont habitué.
Concises et précises, les descriptions se révèlent suffisantes pour se projeter dans les différents décors. La narration à la troisième personne nous permet de suivre l’évolution des différents groupes de personnages dans une fluidité remarquable.
À la manière d’une novella, l’intrigue entre assez vite dans le vif du sujet et ses éléments nous propulse irrémédiablement vers la fin. De ce fait, les péripéties s’enchaînent, nous laissant à peine le temps de souffler. Malheureusement, le rythme de la narration ne suis pas, entraînant des lenteurs qui donnent un aspect un peu mou à ce thriller.
Pour ne rien arranger, le genre secondaire n’est pas respecté. En effet, en principe, dans la SF, quel que soit le sous-genre, les personnages servent de prétexte à l’auteur pour développer ses idées ou théories, reposant sur un paradigme. Ici, celui-ci nous est donné dès le résumé, mais c’est l’inverse qui se produit : les idées sont peu développées (et donc traitées partiellement) à travers les personnages.
Quant aux personnages, s’ils sont relativement nombreux, compte tenu de la taille du roman, ils sont suffisamment travaillés pour être réalistes et identifiables. Dans le détail, on remarque que les principaux forment deux groupes fonctionnant en miroir l’un de l’autre.
Le Verdict
Shutdown est avant tout un road-trip sous forme de quête à la fois pour la survie des personnages, mais également au bout de laquelle ceux-ci reçoivent des réponses à des questionnements personnels.
Au vu de la quatrième de couverture, j’avoue que je suis un peu déçue par le déroulement des événements. Je m’attendais à autre chose. Le sujet est tellement vaste, mais l’intrigue si rapide, qu’il est impossible d’explorer le sujet à fond. Mais peut-être que ce n’était-ce pas le but. En attendant, tout est si rapide et radical que ça m’a laissé un ressenti particulier.
Pourtant, il possède une base solide et de bonnes idées, mais qui gagneraient à être développées sur un format plus long. Dommage.
En substance, Shutdown est donc un thriller rapide, mais mou et un roman d’anticipation, sans vraiment l’être. De quoi me laisser sur ma fin. Ajoutons-y un épilogue contenant une incohérence majeure, pour clore le tout. Vraiment, Aurélien Grall, n’est pas « au sommet de son art ». En même temps, au bout de seulement 3 romans, ce serait un peu… rapide.
Suivez le lien pour vous procurer ce livre.