Bonjour à tous,
S’il y a bien un sujet qui, de tout temps, a su captiver auteurs et lecteur, c’est l’amour. Et à plus forte raison lorsqu’il est impossible. Si la fin n’est pas toujours heureuse, l’espoir persiste.
C’est dans cette veine que s’inscrit Sombre comme l’Aurore, le primo roman signé Jean-Baptiste Lamy et paru cet octobre aux Éditions du 38.
Je remercie les Éditions du 38 pour leur confiance indéfectible.
Pour quels lecteurs ?
– Tout public
– Inconditionnels de fantasy
– Personnes désireuses d’ajouter un niveau de lecture à leur projet
L’intrigue
La Citadelle est si élevée que le Haut et le Bas forment deux mondes à part. En Haut, les hommes ont des ailes et vivent dans le royaume enchanté du Roi de Saphir. En Bas, la ville médiévale est dirigée par les devins élus à la Loge, et ses habitants subissent les exactions de la Reine Noire, la Reine du Mal à l’inquiétant Fusil… Seul le Donjon de la Monte, équipé d’une minuscule nacelle-ascenseur, relie encore ces deux mondes. Dans la ville Basse, Tienn Sanzelle, fils de voleur, a obtenu de la main agile de son père une place d’assistant à la Loge, tandis que ses amis d’enfance suivent des chemins différents : Rakenn part en Haut pour devenir sorcier, Alyse est écuyère au Chapitre de chevalerie et le Capitann aide son père à tenir sa boutique. En Haut, Crépusculine, la fille du Roi, est fascinée par le monde d’en Bas. Au point de s’enfuir et de descendre seule. Elle rencontre alors le fils du voleur… Les amours de Tienn et de Crépusculine bouleverseront à jamais la Citadelle. Mais les amours verticales sont-elles encore possibles ?
Passionné d’histoire médiévale, Jean-Baptiste Lamy est maître de conférences en informatique médicale à l’université Paris 13. Quand il n’écrit pas, il joue de la Lyre médiévale et chante les troubadours. Sombre comme l’Aurore – La Légende de Tienn Halidenn, son premier roman, est une époustouflante allégorie de notre société, parfois cruelle mais toujours poétique.
Mon avis
L’intrigue se déroule dans un univers de type high fantasy aux règles bien définies. Si elles complexifient l’ensemble, elles ajoutent également en mystère. Un univers d’une cohérence sans faille, travaillé à la perfection.
Les personnages nous sont présentés au compte goutte. Par petits groupes ou individuellement. Ainsi, malgré leur nombre, ils restent très identifiables. Ils sont variés, tant par leur caractère, leurs aspirations, que leurs façon de voir et rêver le monde. De plus, les différents dilemmes auxquels ils doivent faire face agissent comme autant de révélateurs de leur humanité.
Côté style, on remarque d’emblée le narrateur mixte. En effet, celui-ci est à la première personne lorsque l’intrigue est centrée sur Tienn, et à la troisième pour tous les autres personnages. Le changement de focalisation s’opére en cours de chapitre ou à chaque nouveaux. Ce qui permet au lecteur de suivre l’évolution de chaque personnage, en Bas comme en Haut, tout en donnant un cadre. Une variante astucieuse de la narration à plusieurs voix, qui met d’autant plus en valeur le personnage clé du roman.
« Au-delà des errances et des espérances, de vos vies et de vos morts, de vos envies et de vos remords, presque au-delà de vos rêves, s’élève la Citadelle. Et là-Haut, tout au sommet, le jour sans lumière cède la place à une nuit sans ténèbres : ici, le soleil n’est jamais qu’une lueur en contrebas. Trois terrasses de nacre s’étalent comme autant de petits lacs, sept tours d’argent descendent d’un ciel de cendre. C’est un royaume irréel qui s’étend sous vos yeux, tout comme les ailes diaphanes des insectes et des fées n’existent qu’à la lumière qui les éclaire. »
la narration, en prose, parsemée de chansons et de passages truffés d’assonances, d’allitérations et de rimes, se révèle très poétique, voire lyrique. Ces chansons, écrites au fil des chapitres par les deux protagonistes, forment un leitmotiv et un parallèle à la légende de Tienn Halidenn, comme s’ils s’inspiraient de son exemple pour mieux la réécrire, à leur manière, créant une structure enchâssée, au fur et à mesure de l’évolution de la trame principale par rapport à la légende.
Quant aux descriptions, elles sont si imagées et poétiques que l’on se représente sans difficulté le monde d’en Haut et d’en Bas, mais aussi, le Royaume des Morts. Pour un rendu général d’une fluidité telle qu’on ne vois plus les pages défiler sous nos yeux.
Au niveau de la forme, on remarque assez vite que le nom des chapitres est tiré de la narration ou des dialogues à venir. En plus de donner le ton, ils ajoutent un côté ludique à la lecture.
Autre fait marquant du roman, l’épilogue. Habituellement restreint à un unique chapitre, il s’étend ici à une partie. Certes plus petite que les précédentes. On y sens la volonté de clore le récit pour tous les personnages.
La plupart du temps, j’aborde la dimension symbolique d’une œuvre à travers le biais de thématiques. Ici, cette dimension est bien plus large, puisqu’elle englobe l’univers entier et s’étend sur deux niveaux.
Dès le résumé, ce qui frappe le plus, c’est sa ressemblance avec Le Prince et le Pauvre, classique anglais de Mark Twain dans lequel on retrouve cette même notion de verticalité, la même volonté des protagonistes d’appartenir à un monde qu’ils ne connaissent pas, mais idéalisent, et ceux-ci doivent faire face au même type de danger : le complot. Cependant, avec l’idylle impossible entre Tienn et Crépusculine, l’intrigue prend des allures de Roméo et Juliette à la sauce fantasy. Grâce aux nombreuses répétitions-variations, cette réécriture s’affranchit peu à peu de ces sources d’inspiration pour acquérir sa propre identité.
Plus subtil, se second niveau de symbolisme reste néanmoins assez facilement identifiable. Et pour cause, de nombreux auteurs y ont recours. Il s’agit simplement d’utiliser l’univers fantasy comme « prétexte » pour représenter notre monde et faire passer les messages que l’auteur souhaite. Ici, l’auteur s’en sert pour dénoncer l’immobilisme politique érigé en norme et dont les effets ne bénéficient qu’aux seuls décisionnaires avec le plus grand mépris pour la population. Mais également inviter à réfléchir sur les conséquences du regroupement des populations selon les richesses. Outre la ghettoïsation, cela crée surtout des Eldorado, qui alimentent l’ascenseur social, mais aussi les faux espoirs.
Le Verdict
Vous l’aurez compris, Sombre comme l’Aurore place la barre très haute. Ce roman trépidant vous happe dès les premières lignes pour vous embarquer dans une aventure à la fois poétique, onirique, mais aussi sombre et un brin fataliste.
Extrêmement bien ficelée et menée d’une main de maître, l’intrigue le lésine pas sur les péripéties et autres retournements de situation. Sans parler des mystères, qui s’accumulent au fil des chapitres.
En bref, Sombre comme l’Aurore est un roman aussi haletant que rafraîchissant. Un compagnon idéal pour braver les longues soirées d’hiver à venir, qui ravira petits et grands.
Suivez le lien pour vous procurer ce livre.
Un grand merci pour cette critique élogieuse (je rougis jusqu’aux oreilles) et pour cette analyse fine et pertinente de mon texte. Je voulais effectivement un épilogue consistant… Je ne connaissais pas « Le Prince et le Pauvre » mais je vais combler cette lacune !
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Bonsoir,
De rien, c’est plutôt à moi de vous remercier pour cette belle découverte.
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