Bonjour à tous,
Née au pays de l’Oncle Sam dès le début des années 2000, l’autoédition était mal perçu. Cette édition de la dernière chance, réputée pour accumuler les recalés du système a bien changé depuis. Face à la multiplication des maisons indépendantes, les auteurs revendiquent leur autonomie et se professionnalisent par eux-même. Tout le problème pour eux, reste donc de faire face à la marée des ouvrages publiés chaque année.
Il y a un an, le magazine L’Indé Panda déployait ses coussinets poilus pour les aider à sortir du lot et permettre à leurs ouvrages de trouver leur public.
Sorti le 27 septembre 2017, vous pourrez le télécharger gratuitement (et légalement) ici.
Pour quels lecteurs
– Ados-adultes
– Amoureux de nouvelles, quel que soit le genre.
– Personnes souhaitant découvrir des auteurs autoédités sans risques
Il y a un an, paraissait le premier numéro de L’Indé Panda, une anthologie diffusée gratuitement pour le plaisir de faire émerger et découvrir des auteurs indépendants de talents.
Pour fêter son premier anniversaire, l’animal en voie d’expansion, celui-là, nous promet un voyage incomparable.
Au programme, du fantastique, de la SF et de la littérature contemporaine, le tout rehaussé par une bonne dose de suspense et saupoudré d’émotions.
On démarre avec Möbius de Khalysta Farall qui nous embarque dans un futur où les vies se succèdent grâce à la réincarnation. Prisonnière de ce cercle, une femme se bat pour échapper à son mari violent et reprendre la liberté.
Dans cette nouvelle à mi-chemin entre SF et dark fantasy, l’auteure explore à merveille le thème du cercle vicieux. La narration entrecoupée par des flashbacks, alimentent le suspense autant qu’elle nous plonge dans le passé de cette femme.
De plus, le côté mystique de la réincarnation est amplifié par une religion omnipotente. Loin de la croisade arthurienne, la quête de la vie éternelle, pour s’ériger aux côtés d’un dieu sonne alors comme une prison.
On redescend sur notre bonne vielle Terre avec Le Sourieur de Valery Bonneau. Le temps d’un voyage en métro, on rencontre un homme qui cherche à égayer la grisaille parisienne en faisant sourire les passants.
Cette nouvelle de type littérature contemporaine s’inscrit dans la veine feel good, qui a décidément le vent en poupe depuis quelque temps. Un récit aussi léger qu’émouvant. Idéal pour casser la routine du « métro-boulot-dodo » et apprécier l’instant présent.
Dans ce nouveau numéro, Bouffanges se réinvente pour duper le comité de lecture et vous proposer une nouvelle étonnante : Les androïdes fantasment-ils d’orgasmes électriques ?
Sur la hotline de Purple Velvet, Helen, reçoit l’appel de Gerald, un client qui rencontre un problème avec Lily, un androïde domestique surtout destinée à satisfaire les besoins primaires de son propriétaire.
Au cas où le résumé (et le titre) ne vous semble pas assez explicite, cette nouvelle s’adresse aux adultes. Donc, si vous avez moins de 18 ans, passez de suite à la nouvelle suivante.
À travers ce récit, Bouffanges nous interpelle sur l’emprise qu’exercent déjà les robots dans notre vie quotidienne. Une dépendance qui pourrait nous happer jusque dans notre sphère intime et qui aboutirait à un asservissement pure et simple des humains par les robots.
En plus de son message, son côté décalé et sa fin inattendue contribuent à lui donner un style particulier, digne d’un scénario de la série Black Mirror.
Changement de décor, de genre et de ton avec La Princesse P125 de Françoise Blanchard. Je la laisse se charger du résumé, car c’est elle qui en parle le mieux :
À la page 125 d’un grand livre d’histoires se morfondait une princesse. Elle était l’héroïne du dernier conte merveilleux de l’ouvrage que personne jusqu’à présent n’avait réussi à lire jusqu’au bout. Elle se doutait vaguement d’un heureux dénouement vers la page 130, mais aucun lecteur courageux n’avait dépassé l’épreuve du texte page 128.
Derrière sa façade de parodie de conte de fées, cette nouvelle nous invite à réfléchir sur notre façon d’écrire et plus particulièrement de décrire. En effet, on n’y prend pas forcément garde, mais la description fait partie de ces éléments qui vont déterminer le comportement du lecteur.
Addiction ou répulsion ? Et plus largement, comment l’écriture influence le lecteur et la « vie » des personnages ? Un endroit assez inattendu, mais rudement efficace pour transmettre des conseils littéraires.
Retour à notre époque avec Baume au coeur par Iléana Métivier. Le temps d’un voyage en bus, cette auteure, très ancrée dans le présent, s’attaque au harcèlement de rue d’un point de vue insolite. Une nouvelle engagée qui se garde de tous jugements, pour mettre en avant une solution aussi simple que logique.
En bref, un récit optimiste qui incite à la remise en question.
Avec Fleur de pois, saison 73 par Nicolas Chevoleau, on repart dans le merveilleux. Tout commence en avril 1973 par l’annonce d’un heureux événement à venir. À première vue, rien d’extraordinaire pour cette famille de 2 enfants. Mais plus la date fatidique approche et moins la grossesse se déroule normalement. Un conte aussi insolite que surréaliste, écrit dans la veine de L’Écume des jours de Boris Vian.
Quand vie éternelle va de paire avec manipulations génétiques, cela donne Éternité par Lawrence Singlear. Pour éradiquer la mort et la vieillesse, l’humanité a concédé de lourds sacrifices. Des centaines de siècles plus tard, ce qui reste de l’espèce humaine parcours l’espace à bord de l’Arche. À son bord, Adam, un agent de maintenance des systèmes robotisés, apprend le suicide d’Émile. Bouleversé par la nouvelle, il se met à voir des flashes issus d’une autre vie.
À travers ce récit, en plus d’aborder la très triviale question du but de l’immortalité, l’auteure nous invite à mesurer les différences entre l’homme et la machine. Et force et de constater que le faussé initial n’a de cesse de se resserrer.
Un petit bijou d’ingéniosité doté d’une fin assez surprenante. Seul bémol, des coquilles résiduelles qui gagneraient à être gommées.
Retour sur le plancher des vaches pour Le Rendez-vous par Cindy Costes. C’est bien connu, sur Internet, on trouve de tout. Séducteur dans l’âme, Cédric a rendez-vous avec une inconnue 2.0.
Malgré sa petite taille, cette nouvelle vous fera passer du rire à l’émotion et peut-être vous surprendrez-vous à la relire, histoire trouver les indices que vous n’aviez pas vu la première fois.
Si vous adorez les montagnes russes émotives, Au bout du silence de Florence Clerfeuille, vous fera probablement sortir les mouchoirs. Paul et Marie-Hélène incarnent deux cinquantenaires progressivement coupés de leur famille et du monde, par la surdité.
Derrière ce résumé, assez succinct et qui pourrait sembler trivial, se cache un récit aussi léger que grave. Une histoire dans l’air du temps qui, par l’évocation du coût des prothèses auditives, nous confronte à la dépendance de nos proches, ainsi qu’à la fin de vie.
Fidèle à l’adage « la vie n’est pas un log fleuve tranquille », cette nouvelle est un véritable kaléidoscope émotionnel doté d’une fin en apothéose poignante.
Changement d’époque avec Avis de passage par Emile Trévalet. Paris, dans les années 1960, Clément Gentil, étudiant dans la vingtaine en troisième année de médecine, accorde une foi sans bornes en la science. Dans son service, il fait la rencontre de la jeune Virgine Cybelle, admise pour cause d’anémie et de fatigue. À mesure que le cas de Virginie se complique, ses croyances et espérances volent en éclats.
Sa structure enchâssée, couplée à l’usage du narrateur à la première personne d’une confession hisse cette nouvelle au rang des confessions. Elle nous plonge dans le passé de la médecine moderne. Un passé loin du prestige des blouses blanches, jalonné par le mépris, l’asservissement et la réification. En effet, l’auteure utilise la narration comme support pour révéler les atrocités commises lors des internats. Ces périodes capitales, qui permettent aux futurs médecins de tâter le terrain, devenaient des machines à broyer les rêves et les illusions.
Un magnifique écrin pour mettre en valeurs les mots du Professeur Laborit :
La recherche de la dominance dans un espace que l’on peut appeler le territoire, est la base fondamentale de tous les comportements humains et ceci en pleine inconscience des motivations.
On l’entend souvent : « le travail, c’est la santé », mais Mélanie De Coster ne l’entend pas de cette oreille-là. Dans Lundi matin, elle prend un malin plaisir à pousser Ralph à bout. Cet employé de bureau victime d’un supérieur un peu trop intrusif fait tout son possible pour mettre fin à son calvaire, en vain.
Un peu barrée, cette nouvelle, aux subtiles nuances de SF pose néanmoins les très sérieuses questions du burn-out (ou usure professionnelle) et de l’asservissement des salariés. Courte, mais intense, elle ravivera peut-être vos envies de revanches.
Dans notre monde 100 % connecté, où s’arrête le respect et où commence le voyeurisme ? C’est indirectement la question que pose Céline Saint-Charle dans Un minimum d’humanité. Herbert, fait partie de ces pigistes 2.0. Un auto-entrepreneur résolument geek et payé au lance-pierre par Franck. Éreinté d’être la vache à lait d’un type qui accorde plus de crédit à la performance du site que des infos publiées, il nourrit un projet qui transcendera le web.
D’un réalisme saisissant, cette nouvelle fait écho à un fait divers glauque qui a défrayé la chronique ces dernières semaines. Jusqu’où sommes-nous prêt à aller pour des vues, des likes et la popularité sur Internet ? L’intimité a-t-elle encore sa place dans notre société ? Un récit digne d’un épisode de Black Mirror, qui vous donnera à réfléchir sur la dégénérescence de notre société.
Le Verdict
Je n’ai pas l’habitude de réaliser des chroniques aussi longues, car je préfère aller au fond des choses. Malheureusement, dans le cas présent, il me valait choisir, d’autant que je voulais faire l’impasse sur aucune des 12 nouvelles du recueil.
Même si je connaissais ce magazine, ce numéro est le premier que je lis. Et force et de constater que le panda tient ses promesses.
Résultat, un recueil bourré de suspense, d’émotions, mais surtout de cœur et de talents. Certes, le niveau des nouvelles est un peu inégal et certaines gagneraient à bénéficier d’une correction supplémentaire. Mais le résultat est là et le voyage au rendez-vous. Je me suis sentie happée dès la première ligne et transportée jusqu’à la fin.
Sur les 12 nouvelles, je les ai toutes adorées, sauf une : Fleur de pois, saison 73. En effet, je n’ai tout simplement pas été capable de pénétrer son univers, même si je reconnais ses qualités.
Son grand plus, par rapport à une anthologie classique : après chaque nouvelle, l’auteur a droit à un encart dédié pour s’exprimer et donner envie aux lecteurs de découvrir d’autres titres. De quoi poursuivre la lecture.
Merci pour ce retour ! Et contente que « Baume au cœur » t’ait plu ! =D
J’aimeJ’aime
Coucou, désolée de ne pas l’avoir sorti plus tôt. Pourtant c’était pas faute de l’avoir fini, mais avec SP, on se charge vite l’agenda <_<.
Bien sûr que Baume au coeur m'a plu, j'adore ta façon d'aborder les sujets d'actualité. Continue comme ça !
J’aimeJ’aime
Merci pour cette critique. Avoir été comparée à Black Mirror, c’est bon, je peux mourir heureuse !
J’aimeJ’aime
Bonjour,
J’ai découvert Black Mirror au même moment que je lisais ce numéro, donc j’ai lu et vu les 2 en parallèle. Et pour 2 nouvelles, la comparaison s’est faite naturellement. Ah non, je ne meurt pas tout de suite, ce serait bête de se priver de talents !
Pour moi, cette anthologie est surtout un condensé de belles découvertes (au niveau des nouvelles comme des auteurs).
Merci.
J’aimeJ’aime